mardi 20 avril 2010

PROLOGUE

Antoine Barral

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HOUMAROU,
L’ILIADE AFRICAINE

Conte sahélien.

« Un conte est un miroir
où chacun peut découvrir sa propre image. »

Amadou Hampâté Bâ



Écoutez Houmarou, il va vous conter l’histoire que content les griots de tous les pays baignés par Djoliba, le grand fleuve de l’ouest africain.

Écoutez Houmarou, le plus fameux des griots qui vont, de pays en pays, chanter l’épopée des ancêtres.

Assemblés sous l’arbre à palabres, dans la nuit, écoutez Houmarou.

« Djeli », le nomment les Bambaras, « Gawlo », l’appellent les Peuls, « Jeseré », disent les Songhaïs, et « Aggou » les Kel Tamasheq. Partout, le griot recueille la mémoire des anciens et la chante au son des cordes de la kora, son instrument, grande harpe faite d’une calebasse couverte d’un cuir orné de cauris, et d’un manche clouté d’or et d’argent.

« Lamndam mi haali yimobé ! » « Questionnez-moi, j’ai parlé des poètes ! », chantent les bergers peuls.

Ainsi la légende court et se répand de ville en village, de griot en griot, sur le fleuve et la savane. Nul ne sait plus qui la conta le premier.

Houmarou seul en connaît toutes les nuances, toutes les variantes.

Houmarou va vous dire la légende d’une grande cité oubliée.

On l’appelait Timbouktou

Loin au nord, où les eaux de Djoliba frôlent le désert, vécut la cité.
La cité fut fière, la cité fut riche, la cité fut pillée, la cité fut brûlée.

Des milliers de saisons ont passé depuis la chute de la cité.
Des milliers de saisons ont passé, Djoliba s’en souvient.
Des milliers d’hivernages au ciel noir ont lavé la poussière des feuillages.
Des milliers de crues ont irrigué les milles bras et lacs de Djoliba.
Des milliers de saisons sèches, au ciel jauni par l’harmattan,
Des milliers de transhumances ont tracé des chemins dans la savane.

Nul aujourd’hui ne saurait retrouver la cité.
Des sources lointaines de Djoliba, dans les monts du Fouta-Djalon,
Jusqu’à son embouchure, dans les mangroves du golfe de Guinée,
Plus d’un, en vain, a recherché ses ruines.

Houmarou raconte qu’elles sont enfouies sous les sables,
Loin au nord, où les eaux de Djoliba frôlent le désert,
Là-bas, où s’élève une nouvelle cité de légende,
Tombouctou, fille de Timbouktou.

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