mercredi 21 avril 2010

LA NOIX DE LA DISCORDE.

En ce temps-là, tous les peuples avaient des dieux nombreux.

En ce temps-là, les pluies étaient plus généreuses, les récoltes, meilleures, et les troupeaux plus gras. En hivernage, les pâturages s’étendaient jusqu’aux montagnes peintes du Tassili. Girafes, éléphants, phacochères, gazelles et antilopes y paissaient en multitudes, nourrissant à leur tour les lions, les panthères, les hyènes, les servals. Les autruches, outardes, et autres oiseaux abondaient. Dans les eaux du fleuve aux mille bras, poissons, hippopotames et crocodiles prospéraient.

En ce temps-là, il plaisait aux dieux de se retrouver dans leur nid d’aigle au sommet des monts de Hombori, d’où ils observaient le monde, le fleuve, les humains, et les animaux innombrables.



En ce temps-là, celui que les Songhaïs appellent « Dongo », le dieu du tonnerre et de la foudre, régnait sur les autres dieux et déesses.

En ce temps-là, parfois, les dieux et déesses se querellaient, pour le malheur des humains.

Il était une divinité que les peuls nomment « Njeddo Dewal », celle-là même que les Bambaras appellent « Mousso Koroni », celle par qui arrivent la discorde, la jalousie, la haine, et leur cortège de douleurs.

Fâchée de n’avoir pas été invitée lors d’un banquet divin, Njeddo Dewal fit irruption parmi les déesses et jeta à leurs pieds une noix de kola.

_ Cette noix appartiendra à la plus belle des déesses. À toi, Foroforondou, la beauté peule, ou bien à toi Ochoun, sensuelle déesse des Yorubas, peut-être à toi, Harakoï Diko, divine Songhaï. Disputez-vous pour choisir la plus belle d’entre vous !

Alors, les monts de Hombori résonnèrent du tumulte de la querelle des déesses, chacune se considérant la plus belle !

Dongo se lassa bientôt des cris des femmes, et leur enjoignit de descendre sur terre, et de choisir parmi les mortels un homme qui les départagerait en donnant la noix de la discorde à la plus belle d’entre elles.



Antoine Barral

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Ce blog vous présente mon prochain livre, à paraître aux éditions Grandvaux en mars 2011.

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Il s'agit d'une transposition de L'Iliade en Afrique de l'ouest dans la boucle du fleuve Niger.

http://www.decitre.fr/livres/L-illiade-d-Houmarou.aspx/9782909550718

Suivra l'Odyssée, adaptée par Marie Laure de Noray.



Une adaptation pour la scène est prévue à Montpellier avec le conteur Irénée Domboué dans le rôle d'Houmarou le griot.

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